Les sujets qui présentent un trouble du spectre de l’autisme (TSA) sont souvent amalgamés dans un seul et même groupe, bien qu’ils exhibent des différences significatives sur le plan des symptômes et de la gravité de leur trouble. Bon nombre d’études sur le sujet ont donné des résultats significativement différents, ce qui brouille davantage les pistes lorsque vient le temps de comprendre et de traiter le TSA.
Or, une étude récemment publiée dans Molecular Psychiatry a entrepris de régler quelques‑uns des désaccords au chapitre de l’anatomie cérébrale dans le TSA. Dirigée par des chercheurs de la faculté de médecine de l’Université McGill et de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, l’étude repose sur une importante base de données.
« Les résultats les plus importants de notre étude portent sur les différences observées quant aux sources de l’hétérogénéité », affirme le Dr Mallar Chakravarty, professeur adjoint au département de psychiatrie de l’Université McGill et auteur en chef de l’étude. « Par exemple, il existe des théories de longue date selon lesquelles les filles qui présentent un TSA doivent avoir un fardeau de risque plus élevé avant de manifester des symptômes. Selon nos données, le cortex est plus volumineux et plus épais chez la plupart des patients qui ont un TSA, mais chez les filles, il est encore plus épais, et associé plus étroitement à la gravité des symptômes. »
L’une des études les plus vastes en son genre
Pour parachever leur étude, les chercheurs ont fait appel à différentes sources, dont les données publiques du consortium ABIDE. Ils ont en outre eu accès aux données issues d’une collaboration internationale d’envergure consacrée à l’étude des variations anatomiques cérébrales dans le TSA, qui réunit un hôpital du Canada (SickKids® de Toronto), un institut des États‑Unis (National Institute of Mental Health) et deux établissements du Royaume-Uni (University of Cambridge et King’s College).
Grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), les chercheurs ont été en mesure d’examiner l’anatomie cérébrale de 1327 sujets neurotypiques ou autistes, ce qui fait de cette étude l’une des plus vastes en son genre. « Dans le cadre de notre projet, nous avons observé que la différence entre l’anatomie corticale d’un sujet TSA et celle d’un sujet dont le développement est normal n’est pas statique », explique le Dr Chakravarty, qui est également spécialiste en neurosciences computationnelles au Centre d’imagerie cérébrale de l’Institut Douglas. « Fait important, les grandes différences que l’on peut observer au chapitre de la symptomatologie, de la gravité des symptômes, des capacités cognitives, de l’âge et du sexe tiennent toutes aux différences cérébrales observées dans le TSA seul. »
Autre fait à noter, les chercheurs ont découvert que les différences corticales les plus prononcées s’observent chez les enfants les plus jeunes de même que chez ceux qui présentent les capacités cognitives les plus faibles, comme en témoigne leur quotient intellectuel.
Les prochaines étapes
Pour la suite des choses, les chercheurs espèrent obtenir un profil encore plus détaillé des sources de l’hétérogénéité, y compris l’examen des différents types de symptômes – ou la création de sous-groupes en fonction des symptômes – et les enjeux médicaux concomitants. Ils envisagent également de recourir à des techniques novatrices pour examiner l’origine des modifications de la variabilité corticale au niveau de la microstructure.
Au dire des chercheurs, cette étude est prometteuse pour l’avenir. « La démonstration d’une variation du développement cérébral en fonction de différents facteurs connus, comme l’âge, le sexe et les capacités cognitives, porte à croire que certains de ces facteurs devraient être pris en compte lors d’études futures et, éventuellement, dans le diagnostic et le traitement du TSA », de noter Saashi Bedford, étudiante diplômée de McGill qui travaille de concert avec le Dr Chakravarty et auteure principale de l’étude.
Cet article a été publié le 8 maï par Université McGill.
“Large-scale analyses of the relationship between sex, age and intelligence quotient heterogeneity and cortical morphometry in autism spectrum disorder,” by Saashi A. Bedford, et al, was published online in the journal Molecular Psychiatry on April 26.https://doi.org/10.1038/s41380-019-0420-6