Obtenez les faits : La recherche au Canada est en difficulté
La recherche au Canada est en difficulté. Après deux décennies de stagnation des investissements, notre écosystème de recherche et d’innovation en santé est gravement sous-financé. Les investissements fédéraux antérieurs, y compris l’investissement historique de près de 4 milliards de dollars du budget de 2018, ont depuis stagné et ont été effacés par les effets de l’inflation. En conséquence, notre capacité à générer des solutions de santé innovantes, à répondre aux futures urgences sanitaires, à maintenir une main-d’œuvre solide en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM) et à rester compétitive à l’échelle mondiale est entravée, mettant en péril la réputation du Canada en tant que pays d’innovation.
LES FAITS
En 2021-2022, le gouvernement du Canada a investi 3,24 milliards de dollars dans la recherche.
Par rapport à ses pairs dans le monde, le Canada a pris beaucoup de retard.
- En 2021, le Canada n’a investi que 1,7 % de son PIB en R-D, contre 3,5 % aux États-Unis, 3,3 % au Japon, 3,1 % en Allemagne, 2,9 % au Royaume-Uni et 1,8 % en Australie.
- Nous sommes le seul pays du G7 dont les dépenses en R-D en pourcentage du PIB ont diminué au cours des deux dernières décennies.
Évolution des dépenses de R-D des pays du G7 en pourcentage du PUB, 2000-courant
En ce qui concerne spécifiquement la recherche en santé, l’histoire du sous-financement du Canada est encore plus évidente.
- Le Canada consacre seulement 1,5 % de ses dépenses publiques totales de santé à la recherche, contre 3,3 % en Australie et 5,9 % aux États-Unis.
- Les États-Unis dépensent 196,23 $ (en dollars canadiens) par habitant pour financer la recherche en santé par l’entremise de ses National Institutes of Health (NIH). La dépense du Canada s’établit quant à elle à 31,80 $ par habitant, par l’entremise des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) – soit 16 % seulement de ce que dépensent les États-Unis. Même en combinant les budgets des trois conseils subventionnaires du Canada, la dépense n’atteint que 40 % de celle des NIH.
Le sous-financement de la recherche au Canada signifie que nous ne pouvons pas soutenir de manière adéquate ni compétitive nos jeunes chercheurs talentueux et émergents.
- Les allocations annuelles versées aux doctorants sont généralement inférieures à 30 000 $, un montant insuffisant pour payer le loyer moyen d’un appartement d’une chambre au Canada. Ce problème est exacerbé pour les chercheurs issus de communautés autochtones, noires ou autres communautés marginalisées qui font typiquement face à des obstacles et des défis sociaux, économiques et structuraux supplémentaires.
- Les subventions fédérales destinées aux étudiants diplômés et aux stagiaires ont également stagné au cours des deux dernières décennies. Par exemple, les bourses d’études supérieures du Canada n’ont pas augmenté depuis 2003.
- Jusqu’à 3 000 Bourses d’études supérieures du Canada sont décernées chaque année aux étudiants en maîtrise et en doctorat. Des bourses plus prestigieuses tels que les Bourses d’études supérieures du Canada Vanier et les Bourses postdoctorales Banting sont encore plus exclusifs, laissant la grande majorité des jeunes chercheurs talentueux du Canada dépendre des allocations de leurs établissements.
- Par conséquent, le Canada fait face à une fuite des cerveaux, une étude récente suggérant qu’un diplômé sur quatre en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) choisit de travailler à l’extérieur du Canada en raison d’un meilleur soutien financier à la recherche et aux chercheurs offert dans d’autres pays.
- La majorité des diplômés en STIM qui quittent le Canada vont aux États-Unis, où ils peuvent gagner en moyenne entre 20 % et 30 % de plus qu’au Canada.
- BioTalent Canada estime que l’industrie de la biotechnologie sera confrontée à un manque de 65 000 travailleurs d’ici 2029. D’autres secteurs, y compris le secteur de la biofabrication, seront confrontés à des défis similaires en partie à cause du sous-financement de la recherche et de la perte de talents de classe mondiale.
L’INVESTISSEMENT DANS LA RECHERCHE EN SANTÉ EST ESSENTIEL POUR L’AVENIR DU CANADA
D’autres pays, connus pour leur politique industrielle forte et pour être des destinations de premier plan pour les entreprises des sciences de la vie, investissent massivement dans la recherche.
- Les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, l’Allemagne et la Suisse – tous pays dotés d’industries des sciences de la vie florissantes – ont constamment investi dans la R-D en pourcentage du PIB bien supérieur de la moyenne de l’OCDE au cours des deux dernières décennies.
Tous ces pays reconnaissent l’importance cruciale de la relation entre l’investissement dans la recherche et la politique industrielle.
- La stratégie industrielle de l’Union européenne consiste à « souligner l’importance de la recherche et de l’innovation pour fournir les bases technologiques nécessaires à la transformation et au renforcement des chaines de valeur industrielles, ce qui permet de transformer les défis de la durabilité et du numérique en occasions d’affaires ». [trad.]
- Le secteur de la biotechnologie en Australie a augmenté de plus de 60 % depuis 2017, et bien que le pays ait connu une baisse des dépenses en R-D après 2008, le gouvernement australien a depuis renouvelé son engagement envers le financement de la recherche médicale, en déclarant que « les processus de découverte de la recherche fondamentale sont au cœur d’un écosystème de biotechnologie. » [trad.]
- Aux États-Unis, la CHIPS and Science Act de 2022 a fourni un investissement historique en R‑D en doublant à peu près le budget des organismes de recherche et en affectant 280 milliards de dollars à la recherche au cours des dix prochaines années, la majeure partie de ce montant étant allouée à la R-D scientifique.
- Pour réaliser ses ambitions de devenir une superpuissance scientifique et mettre en œuvre sa stratégie d’innovation, le gouvernement britannique s’est récemment engagé à investir des niveaux records dans sa base de recherche de renommée mondiale entre 2022 et 2025, avec une augmentation des dépenses en R-D de 5 milliards de livres à 20 milliards de livres par an d’ici 2024-2025, soit une augmentation de 33 % par rapport à 2021-2022.
L’OPPORTUNITÉ
Dans son budget de 2024, le Canada doit saisir l’occasion de devenir un pays économique et innovant de premier plan dans le monde. L’optimisation de l’impact des investissements récents – et futurs – dans la biofabrication et la réalisation des objectifs des politiques et investissements industriels et économiques dépendent de l’existence d’un écosystème de la recherche en santé robuste et adéquatement financé. Il est urgent de réinvestir dans la recherche en santé pour développer et retenir des talents diversifiés et de classe mondiale, ainsi qu’une main-d’œuvre solide et hautement qualifiée dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Il est crucial de promouvoir la sécurité de la santé et d’attirer des investissements étrangers directs (IDE) qui mèneront à de nouvelles innovations en santé et à une économie compétitive sur la scène mondiale.
Le réinvestissement dans la recherche en santé est également essentiel pour s’assurer que les innovations en santé et l’avenir des soins de santé reflètent les besoins et les priorités de tous les Canadiens. Les découvertes novatrices et les programmes de recherche qui ont un impact sur un large éventail de communautés dépendent de l’entretien et du développement du bassin de talents le plus vaste et le plus brillant au sein de l’écosystème de recherche en santé.
Le budget 2024 doit réinvestir à la fois dans la recherche et dans les personnes en doublant immédiatement le financement de la recherche aux trois conseils subventionnaires et en s’engageant à :
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SOURCES
- Instituts de recherche en santé du Canada. Les IRSC en chiffres.
- Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Tableau de bord interactif du CRSNG.
- Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Plan ministériel 2021-2022.
- Conseil de recherches en sciences humaines. Tableau de bord interactif : Investissements du CRSH.
- Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). Dépenses intérieures brutes de R-D..
- Investment Monitor. The US remains the world’s leading life sciences investment destination, March 9, 2022.
- European Commission. Research and innovation: Industrial policy.
- Australian Biotechnology Sector Snapshot, 2022.
- Australian Government, Department of Health. Biotechnology in Australia: Strategic plan for health and medicine, 2022.
- uk. Government announces plans for largest ever R&D budget, March 14, 2022.
- Congressional Research Service. National Institutes of Health Funding: FY1996-FY2023, updated March 8, 2023.
- United States Census Bureau. S. and World Population Clock.
- Estimations de la population du Canada, premier trimestre de 2023.
- Centre canadien de politiques alternatives. Can’t afford the rent: Rental wages in Canada 2022, July 2023.
- Crawley, Mike (CBC). Canada’s grants for master’s, PhD students haven’t increased since 2003. These researchers want that changed, December 24, 2022.
- Spicer, Z., Olmstead, N. and Goodman, N. Reversing the Brain Drain: Where is Canadian STEM Talent Going?