La crise des opioïdes : comment la recherche peut-elle éclairer les solutions?
Mercredi 10 avril 2019 de 15 h 30 à 18 h 30
Édifice de La Bravoure, 151, rue Sparks, Ottawa
Cet événement est sur invitation seulement
La crise des opioïdes : comment la recherche peut-elle éclairer les solutions?
Selon de nouvelles données du gouvernement fédéral, les opioïdes tuent en moyenne plus de onze Canadiens par jour. Par habitant, le Canada est le deuxième plus important consommateur d’opioïdes au monde, après les États-Unis, ce qui a en a fortement répandu l’usage abusif, l’accoutumance et la dépendance. Les provinces de l’Ouest ont été les plus gravement touchées, mais les experts constatent que le problème prend maintenant de l’ampleur dans d’autres provinces.
Beaucoup d’autres mesures sont nécessaires. Certaines provinces augmentent la disponibilité de la naxolone, un médicament qui peut réduire les effets d’une surdose d’opioïdes. Mais beaucoup d’autres mesures pourraient être utiles. Il se pourrait qu’un changement fondamental des perceptions que l’on a de la crise soit nécessaire. La pauvreté et l’itinérance figurent parmi les principales causes de la crise les opioïdes, et de nombreux Canadiens n’en voient tout simplement pas les effets.
Dans bien des régions du pays, les patients qui utilisent des opioïdes n’arrivent pas à obtenir un traitement ou du counseling, même si bon nombre d’entre eux ont des troubles anxieux, sont dépressifs ou ont d’autres problèmes de santé mentale, parce qu’il y a une pénurie de ces services. De nouvelles lignes directrices nationales sur la prescription d’opioïdes amènent aussi certains médecins à réduire rapidement les doses de leurs patients, ce qui peut amener ces derniers à se tourner vers le marché noir et constitue un échec du système de santé.
Dans cette deuxième série d’événements du Comité parlementaire sur la recherche en santé concernant la crise des opioïdes au Canada, Recherche Canada examinera de façon plus poussée les causes profondes de la crise en se concentrant sur cinq principaux thèmes et proposera des solutions intégrées que la recherche peut offrir.
Coparrainée par :
SoinsSantéCAN est le porte-parole pancanadien des hôpitaux de recherche et des organisations liées à la santé. Nous avons à cœur de promouvoir les intérêts de nos membres et par l’entremise de nos initiatives en valorisation de la recherche, analyse politique, développement professionnel et représentation, nous contribuons à l’élaboration d’un système de santé de calibre mondial.
Conférencier invité
Hance Clarke, M.D., Ph. D., FRCPC
Directeur, Services de gestion de la douleur et chercheur clinique, Institut de recherche de l’hôpital Toronto General de l’UHN
Le Dr Clarke est le directeur des Services de gestion de la douleur et le directeur médical de l’Unité de recherche sur la douleur de l’hôpital Toronto General. Il a été affecté à l’Institute of Medical Sciences à l’Université de Toronto et est diplômé du Programme des cliniciens-chercheurs du Collège royal. Ses recherches portent principalement sur la découverte de traitements innovateurs de la douleur aiguë survenant après des opérations chirurgicales lourdes, la détermination des facteurs intervenant dans la transition entre la douleur aiguë postopératoire et la douleur chronique, l’étude de la génétique de la douleur aiguë et chronique postopératoire et l’identification des facteurs de risque associés à l’utilisation continue d’opioïdes et à la mauvaise qualité de vie liée aux problèmes de santé après une opération chirurgicale lourde. En 2016, le Dr Clarke a reçu le prix en début de carrière de la Société canadienne de la douleur pour son programme innovateur de gestion de la douleur transitionnelle.
Chercheurs
Thème 1 : La réduction des méfaits pour lutter contre la crise
Une nouvelle idée pour lutter contre cette crise est le recours à des centres de réduction des méfaits, comme les programmes d’échange de seringues et les sites d’injection supervisés, qui ont démontré des taux de succès impressionnants. La réduction des méfaits acquiert le respect qu’elle mérite parce que des études constatent que les consommateurs de drogues qui utilisent les programmes d’échange de seringues sont cinq fois plus susceptibles de participer à des programmes de traitement des toxicomanies que ceux qui n’y ont pas recours, et que ces programmes ouvrent la voie au rétablissement pour de nombreuses personnes aux prises avec des dépendances.
Graciela Piñeyro, M.D., Ph. D.
Scientifique principale, Hôpital Sainte-Justine, professeure, Université de Montréal
La Dre Graciela Piñeyro est scientifique principale à l’Hôpital Sainte-Justine et professeure à l’Université de Montréal. Elle s’intéresse à la mise au point d’analgésiques opiacés plus sûrs et à la caractérisation de la puissance biologique d’extraits du cannabis. Avec l’aide des Instituts de recherche en santé du Canada, elle a mis au point des outils de sélection de médicaments et des méthodes d’analyse servant à prédire la dépression respiratoire induite par les analgésiques opiacés au début du processus de découverte de médicaments. Elle utilise actuellement ces méthodes pour évaluer le risque d’effets cognitifs nuisibles des cannabinoïdes chez les jeunes.
Mark W. Tyndall, M.D., D. Sc., FRCPC
Responsable de la recherche et de l’évaluation, BC Centre for Disease Control (PHSA)
Professeur, École de santé publique et des populations, Université de la Colombie-Britannique
Le Dr Mark Tyndall est professeur de médecine à l’École de santé publique et des populations de l’Université de la Colombie-Britannique. Il a occupé plusieurs postes de direction en santé publique, dont ceux de directeur général du BC Centre for Disease Control (2014-2018) et de chef de la Division des maladies contagieuses de l’Université d’Ottawa (2010-2014). Il est reconnu au Canada et à l’étranger comme un leader en prévention et en traitement du VIH chez les toxicomanes et a été co-chercheur principal dans l’évaluation du site d’injection supervisé InSite. Il est l’auteur de plus de 250 publications revues par des pairs.
Thème 2 : Un pont vers le néant : remettre en question les transitions des soins pour les patients consommant des opioïdes
Les systèmes de santé doivent s’adapter efficacement pour atteindre le double objectif qu’est la réduction des risques liés aux conséquences négatives de la consommation d’opioïdes et l’atténuation de la souffrance des patients. Même si les patients peuvent ressentir des symptômes de sevrage et de fortes envies de consommer des opioïdes qui les empêchent d’être réceptifs à l’aide offerte, les hôpitaux mettent en œuvre diverses stratégies pour atteindre les patients et établir des liens plus forts entre eux et les thérapies comportementales et les autres services de santé dont ils ont réellement besoin.
Klaudia Dmitrienko, M.A., M. Sc. S.
Conseillère en recherche et en évaluation
Programme de santé et de bien-être dans le centre-ville, Hôpital Royal Alexandra (Alberta Health Services)
Mme Klaudia Dmitrienko est une conseillère en recherche et en évaluation au Programme de santé et de bien-être au centre-ville de l’Hôpital Royal Alexandra à Edmonton. Elle soutient un éventail d’initiatives d’amélioration de la qualité, d’évaluation et de recherche universitaire liées au traitement des toxicomanies et à la réduction des méfaits à l’hôpital. Elle travaille en collaboration avec des membres de la collectivité, des spécialistes du traitement des toxicomanies et des responsables des politiques pour améliorer les soins et les résultats en matière de santé des patients ayant des troubles liés à la toxicomanie en Alberta.
Aliza Weinrib, Ph. D.
Psychologue clinicienne, Service de gestion transitoire de la douleur, Département d’anesthésie et de gestion de la douleur, Hôpital général de Toronto (UHN)
Professeure associée, Université York
Mme Aliza Weinrib est la psychologue clinicienne principale en traitement de la douleur et en utilisation d’opioïdes au Service de gestion transitoire de la douleur ─ le premier au monde ─ à l’Hôpital général de Toronto. Elle est présidente de la société ontarienne pour la thérapie d’acceptation et d’engagement, coprésidente du groupe de travail sur les opioïdes de la Société canadienne de psychologie et professeure associée à l’Université York. Elle a mis au point des thérapies comportementales pour le traitement de la dépendance aux opioïdes qui permettent le rétablissement des patients et leur cheminement vers le retour aux choses importantes de la vie.
Thème 3 : Intégrer les stratégies de la santé publique et des soins de santé pour lutter contre la crise des opioïdes
Pour s’attaquer à la crise des opioïdes, il faut une approche intégrée englobant les systèmes de santé publique et de soins de santé, qui engage les intervenants clés et qui utilise les données et les preuves pour éclairer les politiques. Les progrès jusqu’à présent sont encourageants et pourraient aider à trouver des stratégies efficaces pour réduire la prescription, la consommation abusive et les surdoses d’opioïdes.
Manon Choinière, Ph. D.
Professeure titulaire, Département d’anesthésiologie et de médecine de la douleur, Université de Montréal
Clinicienne-chercheuse, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal
Mme Manon Choinière est une chercheuse principale sur la douleur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal et une professeure titulaire au Département d’anesthésiologie et de médecine de la douleur de l’Université de Montréal. Elle détient un doctorat en psychologie de la santé de l’Université McGill. Elle fait de la recherche évaluative, épidémiologique et clinique en évaluation et en gestion de la douleur dans différentes populations de patients qui souffrent de douleurs aiguës et chroniques.
Anthony Levitt, M.D.
Professeur, Département de psychiatrie, Université de Toronto
Chef, Programme Hurvitz de science du cerveau, et directeur médical, Projet d’intervention pivot, Centre Sunnybrook des sciences de la santé
Le Dr Anthony Levitt est professeur au Département de psychiatrie de l’Université de Toronto, et chef du Programme Hurvitz de science du cerveau et directeur médical du Projet d’intervention pivot au Centre Sunnybrook des sciences de la santé. Sa recherche porte sur le traitement des troubles de l’humeur résistants aux traitements et notamment sur les essais cliniques dans ce domaine. Sa recherche clinique a été axée sur le traitement des troubles anxieux et de l’humeur hautement résistants aux traitements et sur des mesures pour faciliter l’accès des patients et des familles aux soins dans les systèmes complexes de la santé mentale et du traitement des toxicomanies.
Thème 4 : Le cannabis en tant que solution possible à la crise des opioïdes
La marijuana médicinale semble être une avenue très prometteuse pour aider à réduire l’utilisation des opioïdes en gestion de la douleur. La marijuana s’est avérée efficace pour réduire la douleur aiguë et chronique et n’est pas associée aux graves risques de dépendance et de surdose que créent souvent les narcotiques plus couramment prescrits.
Gabriella Gobbi, M.D., Ph. D.
Professeure, Département de psychiatrie, Université McGill
Psychiatre et scientifique, Centre universitaire de santé McGill
La Dre Gabriella Gobbi est professeure et chercheuse en psychopharmacologie à l’Université McGill, ainsi que psychiatre membre du personnel au Centre universitaire de santé McGill. Son laboratoire applique une approche de recherche translationnelle (qui s’étend du laboratoire au chevet du patient) pour tenter de trouver des thérapies innovantes pour les patients ayant des troubles mentaux et souffrant de douleurs. Elle et ses collègues y étudient les effets du cannabis et des cannabinoïdes sur la dépression, l’anxiété et la douleur. Le Dre Gabrielle a aussi découvert des médicaments novateurs tirés de la mélatonine qui ont des propriétés analgésiques et qui feront bientôt l’objet d’essais chez les humains.
Yang Qu, Ph. D.
Titulaire de la chaire de recherche sur le cannabis
Professeur adjoint, Université du Nouveau-Brunswick
M. Yang Qu a été nommé titulaire de la première chaire de recherche du Canada sur le cannabis. Il est professeur adjoint à l’Université du Nouveau-Brunswick. Il a obtenu son doctorat en philosophie à l’Université de Calgary, puis a poursuivi sa carrière en faisant de la recherche sur la fabrication de produits pharmaceutiques de grande valeur à base de plantes à l’Université Brock avant de se joindre à l’Université du Nouveau-Brunswick. Il appliquera son expertise en biosynthèse de médicaments anticancéreux à la création de produits pharmaceutiques bioactifs à base de cannabis tout en améliorant la génétique du cannabis en vue de l’adapter à la culture industrielle.
Thème 5 : Les troubles de santé mentale et la consommation d’opioïdes
Les personnes dépressives peuvent être soulagées à court terme de leurs symptômes de dépression après avoir consommé un opioïde. Une fois que l’effet du médicament commence à faiblir dans leur système, elles sont plus susceptibles d’abuser du médicament pour atténuer leurs symptômes dépressifs. Pour les patients ayant des problèmes de santé mentale, nous avons besoin d’algorithmes thérapeutiques qui leur fournissent une voie vers le rétablissement et qui les dotent des compétences dont ils ont besoin pour reprendre leur vie en main.
Colleen Anne Dell, Ph. D.
Professeure et titulaire de la chaire Centennial Enhancement en santé et bien-être, Université de la Saskatchewan
Associée principale, Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances
Mme Colleen Dell est professeure et titulaire de la chaire Centennial Enhancement en santé et bien-être à l’Université de la Saskatchewan. Son travail est ancré dans une approche communautaire responsabilisante et est axé sur la guérison des toxicomanies et le bien-être mental. Son équipe recueille des données empiriques en vue d’établir l’efficacité des interventions zoothérapeutiques, y compris pour les vétérans et les prisonniers ayant une dépendance aux opiacés. En 2017, Mme Dell a été nommée membre de l’Ordre de Saint-Jean en reconnaissance de son travail.
Zul Merali, Ph. D.
Président-directeur général, Institut de recherche en santé mentale du Royal, affilié à l’Université d’Ottawa
M. Zul Merali est le président-directeur général de l’Institut de recherche en santé mentale du Royal, affilié à l’Université d’Ottawa. Il est aussi le directeur scientifique fondateur du Réseau canadien de recherche et intervention sur la dépression, un professeur titulaire des facultés de médecine et de sciences sociales de l’Université d’Ottawa et un professeur chercheur à l’Université Carleton. Ses recherches portent principalement sur le stress et s’étendent de son analyse aux niveaux cellulaire et moléculaire à son étude aux niveaux comportemental et clinique.