Notre meilleure stratégie est toujours de mener notre action de sensibilisation à l’unisson avec tous les
secteurs qui composent l’écosystème de la recherche et de l’innovation en santé.
Deborah Gordon-El-Bihbety
Présidente-directrice générale
Ce sera une session tumultueuse (It’s going to be a bumpy ride).
En utilisant l’expression It’s going to be a bumpy ride, je ne veux pas reprendre les mots de la chanson de Mohombi, mais je veux plutôt décrire ce à quoi on peut s’attendre dans cette prochaine session du Parlement. L’environnement politique canadien continue d’être profondément fragmenté. Une poignée de main et un échange de sourires entre le premier ministre et le nouveau chef du Parti conservateur du Canada la semaine dernière ne sont pas des présages de ce qui s’en vient.
Un récent sondage d’Abacus Data a révélé que s’il y avait une élection aujourd’hui, 33 % des électeurs voteraient pour le Parti conservateur, 31 % pour le Parti libéral, 19 % pour le Nouveau parti démocratique et 7 % pour le Bloc québécois. Ces chiffres sont tous dans les limites de la marge d’erreur des résultats de l’élection fédérale de l’année dernière, ce qui n’envoie probablement pas des signaux très clairs aux deux principaux partis. Selon le sondeur, les conservateurs se demandent peut-être si ce qu’ils percevaient comme un élan positif est en train de s’estomper, tandis que les libéraux se demandent peut-être si le mouvement qu’ils percevaient comme une diminution de leurs appuis a pris fin. Le temps nous le dira.
Dans cette session parlementaire, tous les partis se concentreront sur des questions qui atteignent de plus en plus un niveau de crise. Mentionnons notamment l’abordabilité, l’inflation, les soins de santé et l’impact toujours plus grand du changement climatique comme questions qui capteront et retiendront l’attention de notre gouvernement et des partis d’opposition. Malheureusement, comme les sondages révèlent que les libéraux et les conservateurs sont au coude à coude, on peut s’attendre à une propension aux envolées théâtrales partisanes dans la Chambre, ce qui distraira les politiciens de ces questions cruciales et qui aura peut-être même pour effet de nous compliquer la tâche pour être pris au sérieux. Dans son utilisation des médias sociaux et ses communications, Monsieur Poilievre est très astucieux, ce qui donnera l’avantage de l’offensive aux conservateurs tout en forçant les libéraux et, jusqu’à un certain point, les néo-démocrates, à être sur la défensive. Dans quelle mesure le travail de politique publique sera-t-il effectué? Cela reste à voir, mais il est certain qu’il sera plus difficile de plaider en faveur de la recherche en santé et de l’innovation en santé au cours de cette session parlementaire.
Notre meilleure stratégie est toujours de mener notre action de sensibilisation à l’unisson avec tous les secteurs qui composent l’écosystème de la recherche et de l’innovation en santé. Le 29 septembre 2022, nous avons invité les leaders de cet écosystème à participer à une table ronde sur l’action des parties prenantes – Stakeholder Action Roundtable. L’événement se tiendra à Ottawa, dans le cadre d’un effort visant à harmoniser nos messages respectifs en vue du budget 2023. Selon nous, nous devons nous concentrer sur les points suivants :
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- Une augmentation significative du financement de la recherche en santé aux trois conseils subventionnaires.
- Le déploiement d’une stratégie intégrée pour réaligner les approches fédérales en matière de financement et de politiques, dans l’objectif d’améliorer les efficacités et les résultats dans tout le continuum de l’innovation.
- Un meilleur soutien à une base de talents florissante et diversifiée, en mettant l’accent sur les chercheurs autochtones, noirs et de couleur, les chercheurs en début de carrière et les autres groupes sous-représentés et soucieux d’équité (p. ex., les personnes de la diversité des genres).
En tant que communauté, nous devons bâtir notre argumentation sous l’angle du risque. Nos politiciens continueront d’être en mode de crise et dans ce contexte, nous devons les avertir que le niveau actuel de financement fédéral de la recherche est inadéquat et n’assure pas la sécurité ou la protection de l’avenir économique et social de nos citoyens. Nous devons leur dire qu’il ne suffit pas d’investir plus. Il faut le faire de concert avec un engagement à adopter une approche pangouvernementale qui englobe tout l’écosystème et qui reconnaît l’interdépendance du continuum de la recherche et de l’innovation du Canada. Il faut également le faire en reconnaissant que si nous voulons créer un bassin de talents en recherche digne du Canada comme chef de file mondial en recherche et en innovation, nous devons nous assurer que ce bassin soit diversifié et équitable. Nous invitons le gouvernement à faire marche arrière. Nous lui demandons de mettre fin au sous-investissement dans la recherche et à la création de politiques défavorables pour les partenariats et la collaboration qui définissent l’entreprise de recherche et d’innovation en santé du Canada.
Les trente années de recherche nécessaires pour créer les vaccins qui nous ont sauvés pendant la pandémie de COVID-19 démontrent le bien-fondé de notre demande pour le budget 2023. Souvenons-nous que nous ne sommes pas un groupe d’intérêt spécial lorsque nous nous engageons dans une action collaborative de sensibilisation et de défense des intérêts. Nous devenons une communauté qui travaille au nom de la santé et du bien-être de tous les Canadiens. Comme le gouvernement, ensemble, nous représentons le bien public et rien de moins!