Notre Alliance multipartite plaide depuis plusieurs années en faveur d’une approche écosystémique, pangouvernementale et intégrée de la politique fédérale du financement de la recherche et de l’innovation.
—Deborah Gordon-El-Bihbety
Présidente-directrice générale
La semaine dernière, le 6 octobre 2022, le gouvernement du Canada par l’entremise de deux ministères – Santé et Innovation, Sciences et Industrie – a lancé le Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche. Le Comité fournira des conseils stratégiques impartiaux et spécialisés sur la structure, la gouvernance et la gestion du système fédéral de soutien à la recherche et aux talents pour mettre les chercheurs canadiens en position de réussite.
Recherche Canada est tout à fait d’accord avec l’esprit de cette initiative gouvernementale. Notre Alliance multipartite plaide depuis plusieurs années en faveur d’une approche écosystémique, pangouvernementale et intégrée de la politique fédérale du financement de la recherche et de l’innovation. Comme le diable est toujours dans les détails dans ce genre d’initiative et que nous n’en savons pas encore assez, nous ne sommes pas en mesure de bien comprendre ses incidences pour l’écosystème de la recherche et de l’innovation en santé.
Nous nous demandons notamment si le Comité se concentrera uniquement sur les relations au sein des organismes fédéraux subventionnaires de la recherche – IRSC, CRSNG, CRSH – et les relations entre ces organismes et la FCI ou s’il étendra son action future pour inclure d’autres organismes pertinents qui font partie de l’appareil fédéral de financement de la recherche. La question se pose puisque le Comité a comme mandat de moderniser l’écosystème fédéral de financement de la recherche pour optimiser les retombées des investissements dans l’excellence de la recherche et l’innovation en aval. Il n’est pas raisonnable toutefois de s’attendre à ce que ce mandat puisse être réalisé en se concentrant uniquement sur quatre organismes. Alors pourquoi le gouvernement ne déclare-t-il pas que ce domaine d’intervention sur les relations entre quatre organismes subventionnaires n’est qu’une première étape d’un processus élargi qui se concentrera sur tous les organismes de financement qui forment le système fédéral de soutien à la recherche?
Si la portée des travaux du Comité est élargie, en sera-t-il de même pour sa composition? Selon son mandat, le Comité représentera un éventail de compétences et de perspectives multidisciplinaires, y compris des chercheurs en activité, des administrateurs supérieurs d’établissements postsecondaires et des personnes d’autres secteurs qui sont des partenaires de l’écosystème canadien de la recherche (p. ex., des organisations de l’industrie et des organisations non gouvernementales). La composition actuelle du Comité comprend des membres provenant largement du secteur universitaire – principalement des universités – qui est certes un secteur extrêmement important au sein de notre écosystème de la recherche et de l’innovation, mais qui ne représentent pas d’autres partenaires, comme les centres universitaires des sciences de la santé, les collèges, les organismes de bienfaisance en santé, les RCE et les entreprises œuvrant dans les domaines de la biotechnologie, du matériel médical et de la biopharmaceutique.
Il semble que tout cela a été ficelé plutôt rapidement et qu’il n’y a pas beaucoup de temps pour la consultation si le Comité doit remettre un rapport en décembre de cette année. Nous soupçonnons que le gouvernement veut inclure les coûts associés à la restructuration d’au moins une partie du système fédéral de financement de la recherche dans le budget fédéral de 2022.
Il sera important pour notre communauté de poser ces questions et toutes les autres que vous avez très certainement, tout en nous impliquant dans ce processus pour nous assurer que les conclusions du rapport représentent les intérêts fondamentaux de nos secteurs respectifs et, très important, de l’écosystème de la recherche et de l’innovation en santé.